Vous ne savez peut-être pas encore ce que peut faire un luthier à Chypre, mais je compte bien vous l’expliquer. En effet, cette île située entre la Turquie, l’Egypte et en face d’Israël n’est pas forcément le premier endroit auquel nous pensons lorsqu’il s’agit de musique classique et de lutherie. Cependant, il y a de nombreux musiciens qui évoluent à la fois dans la musique savante européenne mais aussi la musique folk à un très haut niveau. La première fois que je m’y suis rendu, c’était en 2013, il y a exactement 10 ans cette année, et par hasard, j’y suis retourné pour fêter ce 10ème anniversaire. Voici quelques moments à partager avec vous.
Un luthier à Chypre
Mon premier voyage à Chypre
La première fois que je me suis rendu sur cette île méditerranéenne, c’était juste après l’entrée dans la nouvelle année 2013. Je m’y étais alors rendu pour travailler durant 6 mois dans l’atelier de Stepan Soultanian. Ancien élève de l’école de lutherie de Newark, il accueille de temps en temps des étudiants. C’est ainsi que par le réseau de l’école, j’ai eu la chance de participer à cette expérience. Il est important de jouer sur ce point dès que possible pour tisser des liens avec des mentors plus expérimentés. Ce sera toujours l’occasion de faire vibrer leur corde nostalgique et revivre leur jeunesse.
En repensant à cette période, et au temps que nous passions à l’établi, je peux dire que j’y ai énormément appris. En fait, il s’agissait de pas loin de neuf heures durant, et ce six jours par semaine. Il est indéniable que cet apprentissage a laissé des traces
Un des premiers contacts avec le monde professionnel
À l’époque, j’étais fraîchement diplômé, et malgré une certaine expérience, je ne me rendais pas encore compte de ce que signifiait réellement la lutherie du violon. C’est d’ailleurs pourquoi je recommande toujours aux étudiants en lutherie, présents et futur, de se plonger dans le monde professionnel le plus rapidement possible. D’une part pour mieux comprendre de ce que l’on attend du travail d’un luthier (ça va changer en fonction des ateliers) mais aussi pour valider le fait que cette carrière va convenir sur la durée.
Bref, pour revenir sur mon expérience de l’époque, ce fut vraiment un choc. Car même avec plusieurs années dans les doigts, entre école et stages, je me suis rendu compte du fossé qu’il y avait avec le monde professionnel (réel). D’autant plus lorsque les exigences sont élevées.
Un enseignement trop permissif
Ce que j’ai aussi remarqué avec les années, c’est que la façon d’enseigner en école était parfois trop souple, ou peut-être trop libre. Ainsi, je trouve qu’il est sans doute plus productif dans un contexte d’apprentissage d’éviter trop de liberté et d’expression personnelle. Il s’agirait plutôt de se consacrer à une seule méthode et de la maîtriser avant de passer à sa propre interprétation. Toutefois, ce sont des considérations qui me sont venues bien après mes années d’apprentissage, dans lesquelles j’adorais papillonner.
Mon deuxième voyage à Chypre
En foulant le sol chypriote pour la seconde fois, je réalisais à quel point les années passèrent à une vitesse incroyable. Cela faisait déjà dix ans que je n’étais pas revenu. Bien entendu, j’avais revu Stepan à plusieurs occasions lors de ses voyages, et nous furent perpétuellement en contact. Cependant, c’était avec un pincement au cœur que je retrouvais les mêmes odeurs, les mêmes bruits, les mêmes paysages.
Pour un luthier à Chypre, cela devait sembler normal, mais pour moi, j’étais presque dans un monde surréaliste. Alors qu’à Strasbourg, tout fourmille, entre les allées et venues incessantes des luthiers et des musiciens, il n’y a aucun répit. De ce fait, le cadre incroyablement reposant qui m’entourait était extrêmement propice à la création et au repos. Quel plaisir dans ce cas, de se lancer à deux dans la fabrication de nouveaux instruments, comme nous fîmes une décennie plus tôt.
Un luthier à Chypre
Comme vous le comprenez en lisant ces lignes, j’ai 6 mois de retard en publiant cet article. L’entreprise est devenue tellement prenante que je n’ai plus eu le temps d’avancer sur les articles, sur les vidéos et sur tous ces projets qui me tiennent tant à cœur. D’ailleurs, si je devais vous avouer quelque chose, cela a quelque chose de frustrant.
Toutefois, c’est la vie ! Et depuis que je suis de retour, j’ai eu l’occasion d’avancer sur pas mal de sujets. Je me suis notamment démené pour faire connaître les superbes violons et violoncelles de Stepan. J’ai malheureusement déjà vendu les deux que j’avais depuis le début de cette année. Mais je serai ravi de pouvoir vous les montrer en vidéo et de vous les faire essayer à l’atelier. Mais pour cela, il faudrait déjà que je trouve le temps, n’est-ce pas ?