Pour poursuivre la série de billets sur mes voyages, je vous invite maintenant à découvrir la Nouvelle-Angleterre. Je vais donc partager mon expérience, mes découvertes, et vous faire comprendre ce que peut ressentir un luthier à Boston. Car c’était une expérience incroyable dont j’avais très envie de parler, ne serait-ce que pour me remémorer cette aventure.
Un luthier à Boston
Pour tout vous dire, il s’agit en fait de la première fois que je mets les pieds aux États-Unis. Une expérience assez incroyable, qui m’a vu passer par de nombreuses émotions. Je n’arriverai sans doute pas à les retransmettre ici dans leur intégralité, mais je vais faire de mon mieux.
Mon premier voyage depuis la « fin » de cette pandémie
Ce voyage était déjà prévu avant que la crise sanitaire ne nous plonge dans une profonde léthargie. Et malgré les quelques adaptations, j’ai enfin pu le concrétiser sans affronter les difficultés du dernier voyage en Corée et sa quarantaine. En fait, j’avais surtout oublié à quel point les sièges étaient petits dans les avions. D’ailleurs, en parlant de ça, j’ai découvert récemment un secret dans les trains et les avions qui rendront les voyages de toutes les personnes de grande taille beaucoup plus agréables : les reposes têtes peuvent à présenter se rehausser ! J’imagine toutefois que ce n’est pas une généralité (je confirme, dans les TGV ce n’est pas le cas) …
La première fois d’un luthier à Boston
Pour moi la découverte de Boston est aussi celle d’un continent tout entier. D’ailleurs, malgré l’immensité et le vertige de cette nouvelle expérience, elle fut paradoxale à bien des égards. Je suis certain que vous connaissez vous aussi cette sensation, étrange et tellement familière à la fois. D’ailleurs pour reprendre une analogie sûrement très en vogue en cette période de pandémie, imaginez-vous rencontrer une personne pour de vrai (IRL – Dans la vraie vie) et dont vous aviez fait la connaissance en ligne. Vous avez peut-être longuement discuté, échangé et partagé sur des sujets que vous n’aborderiez pas avec vos proches, car c’est parfois plus facile de s’ouvrir à des inconnu.es. Toutefois, il faut dire qu’au moment où les yeux se croisent pour la première fois, il y a comme un bond dans la réalité qui s’effectue et c’est exactement ce que j’ai ressenti en sortant de l’aéroport Logan.
D’ailleurs, dans cette relation à sens unique, où tous ces flashes de rêve américain se rassemblent, se ressemblent et s’assemblent, j’avance avec une inconfortable aisance vers le taxi qui m’emmène vers ma demeure provisoire.
Tout ça pour dire, que l’Amérique, nous la connaissons presque tous. Nous en sommes abreuvés quotidiennement, et cette culture est tellement mélangée à la nôtre à présent que rien ne semble très choquant. Et pourtant…
La ville américaine la plus Européenne
Boston est actuellement la dixième ville la plus importante des Etats-Unis avec un peu plus de 600.000 habitants dans son agglomération. C’est une ville au bord de l’océan, où l’eau est omniprésente car construite à l’embouchure du fleuve Charles. Comme vous pouvez le voir sur la carte ci-dessous, le centre-ville est presque une île. C’est d’ailleurs ce centre qui témoigne le plus de l’héritage européen dont la ville est empreint. En effet, certains quartiers conservent encore aujourd’hui cette architecture très anglaise mais aussi les couleurs de l’immigration européenne pour qui Boston était une des principales portes d’entrée (avec New-York).
The Freedom Trail
Pour le touriste amateur d’histoire, il suffit de suivre le sentier de la liberté (The Freedom Trail) qui propose un parcours très condensé retraçant l’histoire de l’indépendance des États-Unis et ses moments marquant. Ce chemin consiste à suivre une ligne rouge à travers la ville, une succession de briques maçonnées dans la chaussée ou le trottoir. En partant des jardins publiques de Boston Common, ce circuit nous fait côtoyer successivement le quartier financier avec ses buildings dont la hauteur pourrait donner le torticolis, puis nous invite dans le quartier italien, beaucoup plus populaire, avec ses restaurants et ses cannellonis.
Ensuite, les pavés nous font traverser le fleuve en direction de Bunker Hill, un quartier calme et cossu aujourd’hui, mais témoin autrefois d’une bataille importante entre anglais et américains.
Enfin, le chemin nous propose de rencontrer le plus vieux bateau de guerre encore à flot : l’USS Constitution. C’est aujourd’hui une sorte de musée vivant, qui se déplace parfois avec un double objectif d’éducation et de représentation.
Les Duck Tours
Si vous n’avez pas trop le temps, mais voulez quand même voir l’ensemble de la ville, les Duck Tours sont peut-être pour vous. Il s’agit de bus touristiques amphibies qui quadrillent la ville avec leur guide et permettent de faire littéralement le tour de la ville, sur l’eau et sur la route.
Se déplacer dans Boston
Un autre aspect qui rend la ville plus européenne que le reste des Etats-Unis est peut-être (selon les dires des locaux) la facilité de se déplacer en ville sans sa voiture. Outre les nombreuses pistes cyclables que j’ai pu voir le long des fleuves et des parcs, il faut dire que le réseau de transport en commun est plutôt bien fourni. En fait, tout est assez facilement accessible, même si les zones un peu excentrées comme le Fort Indépendance demandent pas mal d’organisation pour s’y rendre.
D’autre part, les services de Uber et Lyft fonctionnent bien. Ce qui permet une bonne alternative lors de déplacements spéciaux.
Un de mes coins favoris à Boston
Un des lieus qui a retenu mon attention est la jonction entre le centre-ville et le South Boston Waterfront (le front de mer du sud de Boston). D’un côté, vous pouvez apercevoir le véritable centre financier et historique de la ville, ses immeubles gouvernementaux et ses hôtels de luxe. De l’autre, une partie de port qui est en pleine restructuration, avec la construction d’immeubles et transformation des anciens docks en quartiers culturels et branchés. Entre les deux, se trouve une avancée de mer qui ne semble que contenir les vestiges d’une activité commerciale et industrielle d’antan. Aujourd’hui, l’un des vestiges les plus évident est le « Old Northern Avenue Bridge » qui a été progressivement abandonné pour raisons de sécurité.
Celui-ci devait être restauré et remis en service récemment pour le passage des piétons et des vélos, toutefois le projet a été reporté à cause du COVID-19.
L’atmosphère du lieu m’a plu, peut-être parce qu’elle laisse entrevoir la vitesse du temps qui passe. C’est l’apparente immobilité au cœur d’une frénésie absolue. Comme le témoin d’un changement inexorable, perpétuel et tellement naturel. En fait, j’ai trouvé cela plutôt apaisant.
D’ailleurs, il y a ce restaurant de fruit de mer juste en face qui vaut le détour. C’est un peu comme une cabane, mais on y déguste les produits de la mer locaux. D’ailleurs, je vous conseille de goûter le bouillon de coquillage (Boston Clam Chowder) qui est surprenant. Enfin, pendant que nous parlons de nourriture, il faut savoir que le homard est vraiment emblématique et il est possible de le savourer sous toutes ses formes. Ne soyez pas surpris d’entendre partout parler de sandwich de homard, car c’est une spécialité locale.
La musique à Boston
Boston est une ville de musique importante, bien sûr avec un paysage culturel tout à fait développé, mais aussi ses écoles reconnues. Mais il y a aussi quelques particularités à connaître, comme par exemple le lien qui unit cette ville avec Strasbourg.
Boston et Strasbourg, des villes jumelles
C’était assez surprenant de l’apprendre, mais Strasbourg et Boston entretiennent des liens spéciaux depuis plus de 60 ans, et cela grâce à la musique. Ce rapprochement est le fruit du travail de Charles MUNCH, originaire de Strasbourg et qui fut le chef d’orchestre du Boston Symphony Orchestra. Aujourd’hui l’association BSSCA continue d’organiser le rapprochement entre les deux villes au cours d’événements réguliers.
Des écoles de musique importantes
Quand il est question de musique classique, le New England Conservatory est sans doute l’école vers laquelle se tourner. Pourtant, ce n’est pas la plus prestigieuse, ni la plus connue. Elle est en effet éclipsée par une autre école qui n’est qu’à quelques pâtés de maison : La Berklee College of Music. Cette école, plus spécialisée dans le jazz et les musiques actuelles, aura vu passer sur ses bancs certains artistes incontournables des 50 dernières années (Cyril Atef, André Manoukian, Christophe Chassol, Psy, Hiromi Uehara, les musiciens de Dream Theater, Steve Vai etc…)
En tout cas, l’éducation est une priorité à Boston et nous n’avons pas encore parlé des grosses universités de la ville : le MIT et Harvard.
Un luthier à Harvard
Non, il n’y a pas de diplôme de luthier à décrocher à Harvard. Toutefois, j’ai pu me rendre sur le campus et participer aux cérémonies de remise de diplôme. C’est une expérience hors du commun.
L’histoire de Harvard
Aujourd’hui, il s’agit d’une des universités les plus prestigieuses du monde. Et elle sert, entre autres, de marqueur social de réussite, mais aussi d’excellence dans le parcours académique. Toutefois, rien sans doute n’indiquait lors de sa fondation en 1636, quelques années seulement après la création de Boston par les colons européens, qu’elle allait devenir une si grande institution.
Quoi qu’il en soit, il est intéressant de savoir d’où vient son nom. En fait, très peu de temps après sa fondation, un jeune immigré anglais qui avait déjà perdu sa famille à cause de la peste sur l’ancien continent, succomba de la tuberculose peu après avoir cherché à refaire sa vie dans le nouveau monde. Il légua alors la moitié de sa fortune ainsi que sa bibliothèque, assez importante pour l’époque, à l’institution naissante (elle n’avait alors que 9 étudiants et 1 professeur). En l’honneur de ce premier généreux donateur, l’école fut rebaptisée en son nom : John Harvard.
Depuis, elle n’a cessé de croître, se diversifiant grâce à des donateurs, ses financements et sa très grande influence. Jusqu’à devenir ce que nous en savons aujourd’hui. Mais sérieusement, il faut vraiment y avoir passé quelques années pour comprendre toute l’importance de ce lieu. Car personnellement, je n’ai fait qu’en effleurer la surface.
Le retour d’un luthier à Boston
Je me prépare déjà à retourner à Boston afin de concrétiser certains projets qui me tiennent à cœur. J’espère vous avoir également donné l’envie de découvrir cet endroit et qui sait, peut-être que nous nous croiserons là-bas.