Le rebec est l’un des principaux ancêtres médiéval du violon, comme lui, ses cordes étaient frottées par un archet et le musicien contrôlait la hauteur des notes à l’aide de ses doigts. Ces instruments ne sont plus vraiment utilisés de nos jours et ont été reconstruits à l’aide d’écrits et d’illustrations de l’époque : voici l’histoire que nous leurs connaissons.
L’histoire du Rebec
Des origines du Moyen-Orient
Les origines du rebec peuvent être retracées jusqu’au Moyen-Orient, dans la seconde moitié du IXe siècle. Il y a plusieurs mentions d’un instrument appelé rabab dans les terres Arabes, mais il n’existe malheureusement aucune preuve physique d’un d’eux qui nous serait parvenu. L’islam émergeant interdisait les représentations du monde physique, mais des évidences littéraires nous ont transmises quelques descriptions détaillées sur les formes et méthodes de jeu de cet instrument.
Ibn Khaldun a écrit dans Muqaddimah (Introduction à l’Histoire) un passage décrivant le rabab. Celui-ci était alors joué à l’aide d’un archet rudimentaire composé d’une baguette courbe sur laquelle se tendait une tresse enduite de résine, tirant les cordes dans un mouvement assez similaire de celui que l’on connait aujourd’hui. L’historien décrivait la manière dont la main gauche était utilisée pour stopper la vibration de la corde afin de jouer des notes de hauteurs différentes alors que la main droite manipulait l’archet.
Al-Farabi donnait une description complète dans son ouvrage Kitah al-musiqi al-kabir, écrit aux alentours de l’an 900. Dans celui-ci il décrit le rabab comme un instrument d’une forme similaire à celui du tumbur (une sorte de lute) : un long manche plutôt mince avec un corps en forme de poire. Les deux cordes qu’il possédait étaient attachée d’un côté à un clou, et de l’autre à des chevilles grâce auxquelles on pouvait maintenir l’accordage. Le rabab, contrairement au tumbur n’avait pas de frets. Il était joué droit, posé sur la cuisse, avec la main gauche contrôlant la hauteur des notes et la main droite tenant l’archet.
Jerôme de Moravie, auteur du Tractatus de musica, commenta également sur le rebab et son accordage, expliquant que l’accordage de celles-ci se faisait en quintes.
Des preuves ultérieures nous ont indiqué que ces instruments étaient fabriqués à partir d’une calebasse séchée qui servait de base pour le corps, une peau tendue comme table de résonance et un manche en bois. Les matériaux des cordes étaient le plus souvent de la soie tressée, mais pouvait aussi être en boyau.
Une propagation à travers l’Europe médiévale
Lors des croisades, l’instrument se retrouva propagé à travers l’Europe, d’abord en Espagne, en France, et en Allemagne lors du XIe siècle puis en Angleterre et le reste de l’Europe.
Dès le XIe siècle, l’instrument se retrouvait aussi bien à Byzance qu’en Espagne, où sa morphologie n’avait que très peu changé. Les versions Byzantines que l’on retrouve illustrées étaient tenue la tête en haut, dans le style Arabe. Une différence notable cependant est l’archet qui était long et plat plutôt que recourbé (bien que cela puisse être un semblant de perspective sur les dessins). En Espagne, le style semblait s’apparenter beaucoup plus à leurs forme d’origine bien que, là aussi, en traitant avec des représentations artistiques, il n’est pas réellement possible d’affirmer quoi que ce soit sans preuves tangibles. Cependant, il est évident que ces images montrent des instruments fortement inspirés du rabab.
Une des premières illustrations est tirée du Psautier Catalan au milieu du XIe siècle où l’on retrouve un instrument d’une forme très similaire au rebab joué à l’aide d’un archet courbe mais on peut également y apercevoir un des changements apporté lors de son voyage vers l’Europe. En effet, contrairement à la version Byzantine qui arbore seulement deux cordes, le modèle espagnole montre clairement trois cordes. Des textes de la même époque rapportent parfois jusqu’à 6 cordes doublées.
D’autres modifications ont été fait à l’instrument lors de son voyage à travers l’Europe. Notamment, le rebab était plus souvent fabriqué à l’aide de bois plutôt que de calebasses et de peaux surement pour mieux convenir au climat plus austère. La position de jeu a aussi évolué et très rapidement les musiciens l’utilisèrent à l’horizontale, sur le ventre, ou sous l’épaule, un peu comme le violon moderne. C’est à partir de ce moment là que l’on le nomme rebec.
Le rebec au Moyen-Âge
Le rebec était à ses débuts considéré comme un instrument de cour, cela se retrouve sur beaucoup d’illustrations où les ménestrels jouaient pour les rois. Tous ces instruments à archets étaient très populaires dans les sociétés royales du XIe au XIIIe siècle et de nombreux groupes de musiciens étaient maintenues dans les cours des différents royaumes. Posséder ses propres musiciens étaient un symbole de puissance et de richesse, une tradition qui se perpétue jusqu’au XIVe siècle où les riches familles employaient des musiciens comme n’importe quel domestique.
La renaissance et le déclin du rebec
Le rebec était un instrument très apprécié et joué au XIVe siècle en tant que membre de la famille à cordes frottées jusqu’au développement de ses principaux concurrents : la vièle et le violon médiéval. Au cours du XVe siècle, l’instrument tombait en désuétude auprès des cours royales et n’était alors plus que considéré comme rustique, trop grinçant pour les nobles oreilles et bon qu’à accompagner les danses paysannes. C’est ainsi qu’il disparu progressivement de la scène musicale de l’époque et fût rapidement oublié pour laisser place au violon.
Le rebec à l’atelier
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Les stages
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