Il est important que les musiciens comprennent qu’ils sont les acteurs principaux de la bonne santé de leur instrument. Voici quelques conseils que l’on peut appliquer facilement chez-soi afin de le préserver son violon. De cette manière, ceux-ci conserveront la beauté et le son qui sont chers à leur propriétaire, mais aussi leur valeur. Bien sûr, ces conseils sont aussi applicables à l’ensemble du quatuor à cordes, aussi bien les violons que les altos ou les violoncelles. De plus, les contrebasses et les instruments baroques s’en accommoderont parfaitement.
Les variations de température et d’hygrométrie
À travers nos contrées continentales de l’hémisphère nord, les changements saisonniers de température et d’hygrométrie sont significatifs tout au long de l’année. Même si ce ne sont honnêtement pas les pires, comme vous pourrez le découvrir dans cet article sur mon voyage en Guadeloupe.
En tout cas, les violons et leur famille, qui sont encore principalement fabriqués à partir de bois, y sont assez sensible. En effet, ce matériau tend par nature à se dilater en présence d’humidité et se contracter en son absence. L’architecture du violon est faite pour encaisser cette « respiration » de manière assez impressionnante.
Toutefois, ces mouvements peuvent tout de même créer quelques soucis au niveau des joints de colle. D’ailleurs, si cette colle est trop résistante, peut-être que le bois rompra avant, c’est aller que les fractures se créent.
Une hygrométrie comprise entre 55% et 70% avec une température de 17° à 21° centigrade est une moyenne idéale pour la conservation d’un instrument de la famille du violon. S’aventurer bien au-dessus de ce taux, dans un environnement et humide chaud pourrait déformer le bois. Au contraire, en dessous de 40% d’hygrométrie, les fractures deviennent beaucoup plus fréquentes.
Comment préserver son violon de ces variations ?
- Contrôlez le taux d’humidité au moyen d’un hygromètre. Certains étuis sont parfois pourvus d’hygromètres et d’humidificateurs, mais il est possible s’en procurer individuellement.
- Au cours de l’hiver avec les chauffages en fonctionnement, la pièce où vous jouez peut nécessiter une humidification (vaporisateur, humidificateurs, plantes vertes…). Il est bien-sûr important de placer l’instrument assez loin des sources de chaleur. L’idée principale étant d’éviter tout changement brutal de milieu..
- Il est primordial d’éviter le stockage d’un instrument dans une voiture.
- Attention aussi à l’air conditionné lors de voyages ou si votre habitation en est équipée. Les variations peuvent être d’autant plus brutales et fatales pour votre instrument.
Les valeurs décrites plus haut sont relatives à la région dans laquelle vous habitez. En effet, les taux que l’on retrouve en Asie, en Europe, ou en Amérique seront bien différents. Cela ne veut pas dire que les violons ne peuvent pas être joués. Mais qu’un violon doit plutôt rester dans un environnement stable depuis sa fabrication, jusqu’aux mains du propriétaire et à travers ses nombreux voyages avec le moins de variations brutales possibles.
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Les gestes utiles pour préserver son violon
Le nettoyage régulier
Il est important d’essuyer régulièrement l’excès de colophane (idéalement à chaque fois que l’on a fini de jouer) de l’instrument à l’aide d’un chiffon sec et doux (type microfibre ou de la soie comme autrefois). Car elle se détache de la mèche et s’amoncèle sur le corps, la touche et les cordes. Si cette poussière de résine n’est pas enlevée elle peut contrarier le son de l’instrument et endommager le vernis. Aussi, toute tentative de nettoyage ultérieure sera plus difficile et devra être réalisée obligatoirement par un professionnel.
Qu’est-ce que le nettoyage d’un violon ?
Tout d’abord, je suis d’avis qu’il vaut mieux prévenir que guérir. C’est pourquoi je vous conseille de ne pas utiliser de la colophane à outrance, ce qui limitera le dépôt sur l’instrument. En fait, elle serait de toute manière néfaste au son et donnerait une impression de lourdeur à l’archet. Demandez conseil à votre professeur pour bien doser son application.
Ensuite, si vous devez nettoyer votre violon, votre meilleur allié sera de l’huile de coude, un chiffon doux légèrement humecté. Aussi, n’oubliez pas de passer sous la touche de l’instrument, pour ce faire, passez le chiffon dans un mouvement perpendiculaire à l’axe du violon en remontant depuis le chevalet vers le manche.
En cas de dépôt sur la touche, il est possible d’utiliser un peu d’alcool pour dissoudre la résine. En évitant absolument tout contact avec le vernis
Je ne conseille ensuite pas forcément l’utilisation de popote, et autre produits nettoyants « spécialisés« . Surtout lorsque vous ne savez pas vraiment les utiliser. Ceux-ci contiennent parfois des substances qui peuvent brûler le vernis. Ou alors ce sont des huiles qui peuvent faire briller l’instrument dans un premier temps, mais qui vont rapidement l’encrasser. De même, ces substances pourraient s’infiltrer dans des fractures presque invisibles. Les rendant par la suite beaucoup plus difficiles à recoller.
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Préserver son violon des parfums et de la transpiration
Les parfums contiennent de l’alcool et d’autres essences plus ou moins naturelles. Très solvants et volatiles, ils peuvent dissoudre les vernis et les ramollir. Les vêtements imprégnés de parfum peuvent aussi adhérer et marquer les vernis même plusieurs heures après leur application.
Il faut également faire attention avec la transpiration, elle peut être particulièrement acide. De ce fait, certains musiciens détruisent même les cordes en métal à une vitesse incroyable. Elle peut aussi attaquer le bois du violon ou de l’archet en causant des dommages impressionnants.
Les accessoires
Les cordes
Les cordes jouent un rôle tout à fait primordial dans le son du violon. Et même lorsque l’instrument n’est pas joué, les cordes vieillissent continuellement à cause de leur mise sous tension permanente, perdant ainsi leur éclat et leur ton. Les musiciens avancés ou professionnels n’hésitent pas à changer leurs cordes tous les six mois, voire davantage, afin de préserver leurs performances. Les étudiants changent généralement leurs cordes à chaque rentrée, mais rien ne les y oblige avant qu’une corde ne soit inutilisable.
Si vous changez vos cordes vous-même, remplacez-les une à une afin de minimiser les chances de déplacement du chevalet et de l’âme. Par la suite, elles ont un temps d’adaptation qui peut durer quelques jours avant de tenir parfaitement l’accord. Il est préférable d’éviter toute sur-tension des cordes, un accordage trop haut ou bien tirer brutalement sur celles-ci. Un autre point important à contrôler lors du changement des cordes est l’inclinaison du chevalet : celui-ci peut en effet être tiré ou déformé par les cordes. C’est pourquoi il faut le repositionner régulièrement pour éviter les dégâts sur le chevalet ou le violon qui peuvent se produire.
La transpiration des doigts est corrosive et néfaste pour vos cordes. Afin de leur assurer une durée de vie plus longue, les nettoyer après chaque session de jeu est une recommandation. Il est même possible d’utiliser un peu d’alcool pour les nettoyer un peu plus efficacement, là encore bien veiller à éviter le contact avec le vernis.
Pour vous aider à installer correctement vos cordes, je vous ai notamment préparé cet article. Je peux également le faire pour vous, en contrôlant les chevilles et les passages de cordes pour garantir un accordage parfait. Ce pourrait également être le moment de changer le cordier pour un modèle plus pratique ou plus adapté.
Préserver son violon de la mentonnière
Tout d’abord, il ne faut jamais trop serrer la mentonnière. Les deux tirants doivent ainsi se visser parallèlement, juste assez pour que ses coussinets en liège permettent de lui donner assez d’adhérence pour qu’elle ne glisse pas.
Préserver son violon dans un étui
Lorsque vous jouez votre instrument, le bois se gorge de l’humidité de votre souffle et votre transpiration. Il est bon de le laisser reposer quelques temps avec l’étui ouvert afin de ne pas enfermer l’humidité à l’intérieur.
Par la suite, il vaut mieux refermer l’étui en actionnant les mécanismes de fermeture ainsi que les tirettes, car beaucoup d’accidents surviennent au rangement et au déballage de l’instrument.
Les chevilles
Pour accorder un instrument à l’aide de chevilles, il faut tout d’abord tirer légèrement sur celle-ci pour la débloquer puis la tourner dans le sens de la tension juste à la hauteur désirée. Pour la bloquer, il suffit d’appuyer légèrement sur celle-ci. Il est important de chercher la justesse en montant dans le ton et non en descendant pour maintenir l’accord. Un dernier détail, il n’est pas recommandé de forcer sur les chevilles, celles-ci étant basées sur un principe de cales, une force trop importante exercée sur celles-ci entraînerait une rupture du cheviller.
Avec le temps, les chevilles peuvent devenir glissantes ou difficiles voire impossibles à tourner. Ces problèmes se manifestent habituellement pour ces raisons :
- Tout d’abord, l’hygrométrie qui varie au cours de l’année.
- Ensuite, des chevilles ou un cheviller mal ajustés ou usés.
- Parfois, ce sont aussi les cordes qui sont mal enroulées.
Les chevilles deviennent la plupart du temps glissantes pendant l’hiver, à cause de l’air sec qui contracte le bois. Le fait d’enrouler de nouveau les cordes permet de venir à bout de ce problème facilement. Dans le cas inverse, l’humidité peut entraîner une dilatation du bois et coincer les chevilles. Il suffit alors de les repositionner.
Dans le cas où les chevilles tournent de façon inégale ou sont impossibles à contrôler, un réajustement est nécessaire. Cet ajustement et un graissage bien réalisé par un professionnel (traditionnellement à l’aide de savon de Marseille et de craie) permettent aux chevilles un équilibre entre tenue et mobilité, rendant presque obsolètes les ajusteurs fins.
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Le chevalet
Le chevalet est avant tout une pièce issue d’un processus complexe qui allie mesures précises et des travaux de sculpture très fins. Elle est également fragile et n’est fixée d’aucune manière au corps de l’instrument. Sa réalisation détermine le diapason, la hauteur et l’espacement des cordes. Voici quelques éléments à observer pour garantir une bonne utilisation du chevalet et éviter les dégâts :
- Le chevalet doit avant tout se tenir bien droit. De manière générale perpendiculaire à la table. Il est important de veiller que les pieds soient également complètement en contact avec la table.
- Dans le cas où le chevalet n’est pas redressé, celui-ci risque de se tordre, voire même de casser pour les chevalets de moindre qualité. Un chevalet trop tordu doit être remplacé.
- Une lubrification des passages de cordes à l’aide de graphites (à l’aide d’un crayon 8B ou 9B) permet aux cordes de mieux coulisser, l’aidant à conserver sa position. Le même principe peut-être réalisé dans les passages de cordes du sillet.
Pour prolonger la durée de vie du chevalet, il faudra notamment inspecter sa position et remettez-le en place si nécessaire. La manière la plus efficace et sûre pour le faire est de le saisir fermement à deux mains et de l’accompagner en le basculant légèrement vers sa position d’origine. Si vous avez peur de faire une erreur et n’êtes pas à l’aise pour le faire, rendez-moi visite pour que je vous aide.
Dans certains cas, les cordes centrales sont plutôt difficiles à jouer séparément. Il s’agit en fait souvent de chevalets défectueux, usés ou trop plats dont la courbe supérieure n’est pas appropriée. Dans ce cas, un changement de chevalet est indispensable.
Préserver son violon grâce aux assurances
En tant que luthier côtoyant régulièrement les étendues des désastres instrumentaux. Je ne peux que vous encourager à considérer l’importance d’assurer votre instrument mais aussi votre archet. En effet, un accident est tellement vite arrivé, et s’accompagne de tellement de culpabilité qu’il est toujours plus reposant de savoir qu’une assurance nous protège en cas de pépin. Ainsi, qu’il s’agisse de vol, de dégâts, de destruction, de perte, il y aura toujours un moyen de vous faire dédommager, même si la valeur sentimentale est irremplaçable.
D’ailleurs, les coûts d’un tel service sont aussi étonnamment raisonnables. Votre assurance habitation peut d’ailleurs même prendre en charge votre instrument en dessous d’une certaine valeur. Pour ceux dont les valeurs sont astronomiques, il est possible de prendre une assurance spécialisée.
Renseignez-vous, car il y a beaucoup de courtiers spécialisés qui pourraient vous apporter une solution.