Installer et régler son cordier est sans doute une opération que vous pourriez entièrement laisser à votre luthier. Toutefois, dans certains cas d’urgence il est possible que vous soyez amenés à remplacer son attache et ne pas pouvoir vous rendre chez un brave artisan. C’est pourquoi je vais vous montrer dans cet article comment vous en charger vous même, il n’y a rien de bien sorcier et cela ne demande pas beaucoup d’outillage pour réaliser un travail propre.
Comment installer et régler son cordier
Qu’est-ce que le cordier ?
Avant de rentrer dans le vif de sujet, mieux vaut commencer par quelques explications. Le cordier est cette pièce de bois, de plastique ou de métal qui se trouve à la base des instruments à cordes. Sa fonction première est de maintenir les cordes en toute sécurité et à une distance constante. Il doit de ce fait résister à la tension que lui infligent les cordes et qui peut représenter plusieurs dizaines de kilos.
Dans le cas des violons, altos et violoncelles celui-ci est simplement maintenu au bouton par une lanière (anciennement en boyau, elle est de nos jours en plastique, acier ou kevlar). Elle est maintenue grâce à la tension des cordes par le bouton.
Bien que l’on puisse penser que ce morceau de bois ne soit pas réellement important dans la sonorité finale. Il a pourtant un rôle déterminant à la fois dans la stabilité de l’accordage mais aussi dans la transmission des vibrations. En modifiant l’essence, la masse, la rigidité, la longueur, les matériaux… Bref pour toute modification, on obtient un résultat différent.
Pourquoi changer un cordier ?
Dans certains cas, on pourra vouloir changer entièrement le cordier, pour par exemple améliorer le son ou le confort d’utilisation. D’autre fois il faudra le remplacer car il est cassé ou car sa lanière a rompu.
Ce sera le bon moment pour déterminer ce qu’il vous faut exactement :
- Quelle essence ou matière ?
- Quelle taille ?
- Avec ou sans tendeurs intégrés ?
- Quel type de lanière ?
Une taille standard dans une bois d’ébène, palissandre ou buis véritable, avec un tendeur pour le Mi et une lanière synthétique conviendront à la plupart des violons. Ensuite, il ne vous reste que l’embarras du choix…
Mettre en place un nouveau cordier
Vous auriez très bien pu aller chez le luthier, et je pense que c’est mieux à partir d’une certaine qualité d’instruments ou accessoires. Comme ça vous serez sûr que le cordier soit bien réglé et qu’il ne risquera pas d’endommager votre précieux partenaire musical. Néanmoins il y a certains cas où l’on peut être amené à changer son cordier ou la lanière qui le maintient en place. Cela ne pose pas réellement de problèmes sur les instruments d’étude et peut être très utile à connaître en cas de dépannage.
Il n’y a en fait que deux étapes à l’installation du cordier :
- La préparation, la mesure et la sécurisation de l’attache cordier
- L’installation des cordes
Ce n’est pas bien compliqué en théorique mais trouver l’emplacement idéal pour le cordier peut demander un peu de temps. Bien sûr vous pouvez simplement le mettre aléatoirement et cela fonctionnera mais le réglage fin de sa position permet d’optimiser le résultat sonore. Ce sera toutefois le sujet d’un autre article.
En fait, l’élément le plus important est que le cordier ne soit jamais en contact avec :
- Le sillet
- La table
- La mentonnière
Sinon quelques désagréments d’ordre sonore risquent de se produire.
Mise en place, mesure et sécurisation de la boucle
Avant de faire les mesure, vous pouvez placer la boucle de cette manière. Pour commencer, il faut mettre l’attache à sa position. Il suffit d’enlever un des deux écrous et la positionner comme sur la première image. Ceux-ci serviront de butée pour maintenir la boucle de nylon en place.
Les outils pour installer et régler son cordier
- Une pince ou des ciseaux costaud
- Un briquet
- Une règle
Mesurer la bonne position du cordier
C’est là que les choses se compliquent… Enfin, qu’elles pourraient se compliquer car à vrai dire la plupart ne s’en soucieront pas, même certains luthiers.
En fait si l’on prend la façon dont la chaîne de tension se décompose de haut en bas :
- chevilles
- sillet du haut
- longueur vibrante
- chevalet
- longueur non-vibrante + cordier
- sillet du bas
- bouton
On se rend compte que le pinacle de cette chaîne est le chevalet et que la structure vibratoire se développe entièrement autour de cela. La longueur vibrante (parfois appelée diapason) est très connue et tout le monde arrive à peu près à comprendre comment elle fonctionne. Par contre, je fais mention de la longueur non-vibrante (afterlength en anglais) qui même si cela est faux puisque elle vibre aussi. Comme tout le reste de l’instrument d’ailleurs, ce n’est juste pas l’archet qui créé le mouvement. C’est ce paramètre que l’on contrôle lors d’un réglage de cordier. Il faut dire que dans la majorité des cas, vous pouvez tout simplement l’ignorer et simplement opter pour une longueur standard.
Pour vous donner une idée, 1/6 de la longueur vibrante des cordes est un standard. Mais nous verrons dans un autre article que ce n’est pas forcément une référence, plutôt un point de départ.
Sécuriser la boucle du cordier
Une fois satisfait avec sa longueur non-vibrante, il faudra sécuriser la boucle. Avant cela il vaut mieux déjà avoir mis le cordier sous tension, c’est à dire l’installer et tendre toutes les cordes à la bonne hauteur. Cela
Ensuite, il y a différentes manières suivant la nature de la boucle :
- Boyau ou tresse : nœud auto-bloquant.
- Nylon : création d’un champignon en plastique, formé avec une flamme.
- Acier ou métaux : contre-écrous, frein filet ou dans la plupart des cas : rien.
En dernier lieu, j’en profite tout de même pour déconseiller l’expérimentation en termes d’attaches pour vos instruments. Les conséquences pourraient être assez violentes.
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Installation des cordes et accordage
Pour finir d’installer et régler son cordier, il va falloir le mettre en place, c’est à dire monter les cordes et appliquer la bonne tension. En résumé, il va falloir accorder son violon !
Ce n’est pas compliqué, mais il faut tout de même pouvoir maintenir le chevalet, le cordier et au moins deux cordes simultanément. Mais c’est assez prise de tête sans avoir une méthode. C’est pourquoi voici une méthode basique :
- Déposer un chiffon ou un foulard sur surface de l’instrument. Il permettra de maintenir le cordier sans risquer d’abîmer le vernis.
- Prenez la corde 1 et 4 (le Mi et le Sol du violon etc…) et installez les sans vous préoccuper du chevalet. Il faut un minimum de tension pour orienter le cordier dans la bonne direction.
- Mettez ensuite le chevalet à sa place sous les cordes (comme sur la photos ci-dessus).
- Vérifiez l’alignement avec la touche puis commencer à tendre les cordes de manière homogène pour mettre le chevalet en pression.
- Procéder à l’installation de toutes les cordes avant d’accorder.