Bien que l’on retrouve les violons sous tous les climats de la planète, ceux-ci n’aiment vraiment pas être soumis aux variation d’hygrométrie et de température. D’ailleurs, ce n’est pas forcément le fait de vivre dans un climat sec ou humide qui va être néfaste pour un instrument. En fait, c’est plutôt les variations, et surtout leur brutalité, qui vont causer des dégâts, parfois irréversibles à ces fragiles objets.

Hygrométrie du violon
Ici, une fracture causée par des changements brutaux de température.

Pourquoi surveiller l’hygrométrie du violon ?

En fait, vous le savez sans doute déjà, le violon est vivant ou plutôt, il l’était.

C’est parce qu’il est essentiellement constitué de bois, qui est un matériau végétal et issu du vivant, que le violon, même s’il est très ancien, continuera à vivre et à respirer. Ainsi, il restera sensible à tous les changements de milieux auquel il sera exposé. C’est d’ailleurs pourquoi je vais aborder le sujet de l’hygrométrie, qui est intimement lié à la température, et vous faire comprendre tous ses enjeux.

Comment fonctionne le bois avec l’humidité ?

Pour schématiser, le bois est structuré par des canaux reliant les racines aux feuilles. Ils lui servent de moyen de communication entre le ciel et la terre, assurant les fonctionnements complexe de métabolisme, entrainant sa croissance, sa vie. C’est un peu comme nos artères, nos veines, mais en très fibreux et assez résistant pour lui donner sa stature.

Une fois le bois coupé, il n’est plus alimenté et nous parlons alors de “séchage”. C’est un processus qui peut durer des années et qui consiste à l’équilibrage de son humidité interne et celle de son environnement. Ainsi, s’il fait très sec, ce processus pourra être plus rapide, causant des distorsions ou des fissures. À l’inverse, un environnement très humide ne permettra pas au bois de sécher, et causera sa dégradation par les micro organisme qui s’y développeront.

De ce fait, pour faire un violon, il faut un bois relativement sec et stable, car il faut non seulement limiter les distorsions a posteriori mais aussi lui assurer une longévité maximale.

 

Les effets des variations d’hygrométrie sur le violon

Une atmosphère trop sèche pour le violon

Lorsque le violon est soumis à une atmosphère plus sèche que son environnent habituel, le bois qui le constitue se contracte. La manière dont celui-ci va rétrécir dépend du sens de la fibre. Par exemple, l’épicéa se contractera dans le sens de la largeur. C’est en fait assez facilement visualisable si on observe les successions de bandes claires et sombre qui se succèdent. Il suffit d’imaginer que ce sont des tuyaux souples qui se vident d’eau en prenant moins de place. Chacun d’entre eux vont donc rétrécir en tirant son voisin et créant de la tension.

Plus l’air est sec, plus ces fibres vont se contracter, exerçant une tension de plus en plus forte sur l’instrument. Ce qui a plusieurs effets :

  • Tout d’abord, vous entendrez la sonorité changer avec la nouvelle tension, le chevalet baisse et l’âme est plus serrée.
  • La hauteur des cordes diminue, ce qui est en relation directe avec la baisse du chevalet.
  • Les chevilles sont moins assurées et peuvent subitement se détendre.
  • Le bouton peut prendre du jeu et déformer sa perce en plus de dégrader la sonorité.
  • Les joints de colle cèdent sous la tension et dans le pire des cas, une fracture peut apparaître subitement.
Hygrométrie du violon - Fractures
Certaines fractures se forment à cause de la sécheresse autour d’un sillet qui n’a pas assez de jeu.

Une atmosphère trop humide pour le violon

Au contraire, lorsqu’un violon est en contact avec une atmosphère plus humide que son quotidien, celui-ci va voir son bois gonfler. C’est, de manière assez logique, l’opposé de l’assèchement. C’est pourquoi, des problèmes similaires peuvent se poser :

  • Comme l’instrument gonfle, la forme des voûtes change légèrement mais assez pour faire baisser les tension au niveau de l’âme et surélever le chevalet. Ce qui impacte la sonorité.
  • D’un côté, les cordes seront plus hautes et plus tendues, alors que l’âme sera quant à elle moins tendues et peut se déplacer plus facilement.
  • Les chevilles peuvent se bloquer en prenant plus de place dans leur perces.
  • L’expansion du bois peut aussi casser des joints de colle.
  • La colle animale qui sert d’adhésif entre toutes les pièces du violon perd son pouvoir liant lorsque exposée à l’eau (cela dit il faut quand même un sérieux taux d’humidité pour en venir à bout).

En fait, l’humidification de l’instrument se fait naturellement, peut-être d’une manière que nous ne soupçonnez même pas. Par exemple, lorsque vous jouez, votre haleine et votre transpiration vont gorger votre instrument d’humidité. Rien que le fait de le jouer beaucoup peut donc entraîner les problèmes mentionnés plus haut.

Quand faut-il craindre l’hygrométrie ?

Contrairement à ce que l’on peut penser c’est pendant les saisons froides qu’un instrument à cordes est le plus soumis au dessèchement. En effet, les propriétés physiques de l’air font que plus il fait froid, moins celui-ci peut être chargé en humidité. C’est un phénomène observable par exemple sur une vitre froide sur laquelle arrive un souffle d’air plus chaud. L’air chaud perd subitement sa température au contact de la vitre, la vapeur se transforme en gouttelettes. C’est la condensation.

L’autre facteur déterminant de sécheresse est le chauffage. Les installation électriques ou de climatisation réversible font descendre le taux d’humidité de l’air de manière dramatique.

De même, les fortes chaleurs présentes en été peuvent avoir les mêmes effets. Laisser son violon, alto ou violoncelle au soleil ou dans sa voiture peut entraîner des dégâts importants.

On considère un taux de 50% à 70% d’humidité comme idéal pour les instruments. Ces valeurs sont toutefois relatives à la température ambiante. Ceci dit, il est tout de même bon de s’inquiéter lorsqu’elles s’écartent trop de cette moyenne.

Hygrométrie du violon - Humidificateur
En hiver, j’utilise à l’atelier un humidificateur, pour conserver une hygrométrie satisfaisante.

Empêcher les dégâts des variations d’hygrométrie du violon

Habiller son violon

Il y a plusieurs façons d’habiller son instrument pour le protéger des changements d’hygrométrie brutaux :

  • Tout d’abord, un étui épais et bien isolé fait la majorité du travail.
  • Le couvre-corde a aussi un rôle important de couverture et de protection.
  • Un foulard de soie est un excellent moyen pour tamponner les changements de température et d’hygrométrie à l’intérieur d’un étui.

En fait, plus il sera isolé, plus il pourra tenir longtemps dans des conditions extrêmes.

Surveiller l’hygromètre

Les hygromètres sont des appareils que l’on retrouve parfois dans les boîtes des violons, altos et violoncelles. Bien que certains d’entre eux ne soient probablement que des décorations. Ceux qui fonctionnent ne restent qu’un outil de mesure approximatif. Ils vous serviront néanmoins à anticiper les changements brutaux du taux d’humidité dans l’air, ce qui vous permettra de prendre les mesures nécessaires.

De toute façon, Si votre boîte n’est pas équipée d’un hygromètre, il est possible de se procurer différents modèles : à cadran ou électronique.

 

Les humidificateurs

Il existe trois principaux modèles d’humidificateur sur le marché :

  • D’appartement, qui permettent de conserver un taux d’humidité acceptable dans la pièce où vous jouez.
  • Pour l’étui, qui maintiennent un taux d’humidité constant dans une boîte. Il faut bien évidemment qu’elle soit fermée pour qu’ils fonctionnent au mieux.
  • Et enfin, les “Trophy” qui s’insèrent directement dans les ouïes de l’instrument quand il n’est pas joué. Ils sont efficaces, mais ils ont la fâcheuse tendance de détruire les ouïes.

 

La salle de bain

Il existe également une astuce que de nombreux musiciens ont utilisé dans le passé lorsqu’ils ne possédaient pas d’humidificateurs. En effet, l’idée est de se servir de la salle de bain pour garantir un taux d’humidité acceptable pour l’instrument. Avec les fenêtres et portes fermées, les différents points d’eau de cette pièce permet en effet d’obtenir un taux d’humidité bien supérieur à la moyenne d’une habitation. On peut également faire grimper ce taux en ouvrant un robinet quelques instants. On ne parle évidemment pas ici de transformer sa salle de bain en hammam.

L’objectif de cette manipulation est avant tout d’y emmener votre violon, alto ou violoncelle quelques instants avec la boîte ouverte. Il s’agira ensuite de le fermer pour capturer dans la boîte l’air humide et de le conserver ainsi pendant le transport.

Cependant, c’est une technique un peu aléatoire et pas forcément la première que je recommanderais.

Un dernier conseil

Si vous vous déplacez dans le froid ou le chaud avec votre instrument, ou en fait dans n’importe quelle condition inhabituelle. N’ouvrez pas votre étui tout de suite, mais laissez le se faire tranquillement à son nouvel environnement. Entre 10 et 15 minutes devraient suffire pour ne pas créer un choc à l’instrument. Dans le cas où vous êtes pressé, il faudra revoir votre emploi du temps pour le bien de votre précieux instrument.

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