Le violon est considéré par beaucoup comme une alchimie parfaite entre achèvement technique et esthétisme artistique. Quelle place peut-on laisser à une innovation lorsque s’éloigner de la forme traditionnelle est considéré comme : impossible (il ne s’agirait plus d’un violon, mais d’un autre instrument), superflu (le violon est déjà parfait, pourquoi l’améliorer), intolérable (les musiciens ne voudraient pas en jouer). S’il était possible de changer ou ne serait-ce que d’améliorer le violon classique, par où commencerions-nous? Commençons par voir d’où vient le violon, voyons de quelle manière il a évolué au cours des siècles et commençons à envisager le futur des instruments qu’imagines les luthiers d’aujourd’hui en s’aidant des travaux d’ingénieurs, d’acousticiens et de nouveaux matériaux.

 

L’évolution du violon au cours des siècles

C’est à Crémone que le luthier Andréa Amati créa le violon dans sa forme presque parfaite, au cours du XVIe siècle, à l’aide de principes mathématiques et architecturaux simples. Depuis ce jour, on ne peut pas vraiment dire que l’instrument ait évolué de manière radicale. Il ne s’agit vraiment que d’infimes détails. À l’aube du XVIIIe siècle, Stradivari et Guarneri Del Gesu ont construit les modèles qui sont de nos jours les plus réputés pour leurs performances dans les salles de concerts. Les luthiers des siècles suivant vivaient plutôt dans l’ombre de ces grand-maîtres crémonais et ne faisaient que rechercher les présumés secrets que ceux-ci avaient emportés dans leur tombe : les méthodes, les matériaux et comment les utiliser.

C’est au cours du XIXe siècle que le violon vit son évolution la plus radicale, ce que l’on appelle le montage moderne. Il s’agissait réellement que d’un allongement de la longueur vibrante et d’une adaptation à des tensions de cordes plus forte. Les manches, touches et barres d’harmonie devinrent plus longs. Presque tous les instruments anciens ont alors subit ces changements pour s’adapter aux nouveaux critères. C’est à peu près à ça que se résume l’histoire du violon classique.

 

Une partie de l’énergie de la profession s’est focalisée sur la mécanisation de la production, la création et l’amélioration des cordes et des accessoires, la réplique ou la contrefaçon d’instrument anciens. D’autre part, la lutherie moderne s’affaire dans l’élaboration de procédés de restauration toujours plus sophistiqués qui permettent de maintenir en vie tous les instruments anciens dont nous avons hérité. Certes, il y a une évolution dans les connaissances et les techniques qui gravitent autour du violon, mais très peu impactent l’instrument en lui-même.

 

 

Les violons de l’innovation

Voici quelques violons aux démarches innovantes, ces idées peuvent être anciennes ou récentes. Il ne s’agit là que de quelques exemples de tentatives d’améliorations, ou de ré-imaginations de l’instrument parmi tant d’autres. Aucune d’entre elles ne semblent vraiment avoir le potentiel mettre en danger l’avenir du violon classique.

 

 

Le violon Chanot

Le violon proposé par François Chanot en 1819, s’il conservait la forme globale de l’instrument, était aussi fort différent de son modèle d’origine. Les table et fond n’avaient pas les rebords qui dépassent. Les éclisses et les ouïes étaient des fentes de largeur constante qui suivaient les bords de la table. La tête était retournée afin de faciliter la mise en place des cordes. Et le pire, le cordier était directement collé à la table, comme celui d’une guitare. Ce dernier point avait pour conséquence finale l’arrachement de la table. Malgré des critiques fort élogieuses quant à la sonorité et au prix, l’instrument ne fut pas adopté massivement.

 

Le violon Savart

Félix Savart était un physicien et acousticien du XIXe siècle qui proposa de corriger certains problèmes dans le design et le son du violon classique. Malheureusement, le résultat fut peu concluant car il créa d’autres problèmes sonores, esthétiques et de maniabilité qui étaient bien plus graves que ceux qu’il était sensé corriger. L’idée fut immédiatement abandonnée.

 

Le violon à pavillon (Stroh)

Augustus Stroh conçut et breveta en 1899 un violon sans table, ainsi décrit :

« Le chevalet est placé de manière à transmettre les plus légères vibrations à un levier ; ce levier est lui-même en communication avec un diaphragme d’aluminium, non uni. Ce diaphragme est la partie principale du violon ; c’est lui qui donne au son la force nécessaire ; il est fixé par deux coussinets de caoutchouc au bâti du violon. Près du diaphragme s’ouvre un pavillon métallique qui sert à renforcer les sons. »

Le violon Stroh fut utilisé quelque temps pour les enregistrements phonographiques, sa puissance résolvant le problème des microphones peu sensibles. Son usage n’a ensuite probablement pas cessé de se restreindre, puisque les témoignages à son sujet, au-delà des premières années, sont rares, et l’on ne dispose pas de données permettant d’évaluer combien d’exemplaires sont actuellement joués.

 

Le violon en fibre de carbone

Issue des technologie nautiques et aéronautiques, l’utilisation de la fibre de carbone était sensée répondre à de nombreuses questions de la lutherie artisanale et industrielle : comment produire des instruments de très bonne qualité à faible coût. Des assemblage de fibre et de résine permettent la création d’instruments à la fois léger et très rigides qui permettent en théorie d’obtenir les meilleurs conditions pour la propagation du son. Outre le manque de charme esthétique de ces instruments, plutôt sombre et ennuyeux. Le son est quant à lui plutôt flatteur au premier abord, puissance, clair et précis, mais sont souvent laissés de côté à la longue pour leur côté plat, sans complexité ni personnalité propre.

 

Le violon recyclé

Le recyclage de matériaux a permis à de nombreux musiciens de créer eux-même leurs instruments. Les violons à base de boîte à cigare et de manche à balais ont vu le jour un peu partout dans le monde. Un exercice de créativité qui se rapproche sans doute de l’expérience que vécurent les premiers pionniers de la facture instrumentale. Bien évidemment ces violons n’offrent que peu d’intérêt pour les musiciens car leurs performances sont très limitées. Le génie réside plutôt dans l’utilisation de matériaux et formes aléatoires qui pourraient peut-être donner naissance à la prochaine grande innovation.

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Le 3Dvarius

Il s’agit là plus d’une innovation technique par rapport à la construction de l’instrument. En effet ce violon est totalement imprimé en 3D avec une résine synthétique, pas de découpes ni d’assemblages, il s’agit d’un seul bloc. Bien qu’il s’agisse réellement d’un violon électrique avec ses avantages et ses inconvénients propres, son prix de production est tout de même assez élevé (prix de vente constaté sur le site officiel : à partir de 6999 euros).

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Quelle sera la prochaine innovation?

De nos jours, les idées nouvelles et les inventions de toute sortes fleurissent quotidiennement au sein des ateliers à travers le monde. Et même si le violon de nos ancêtres a encore de très beaux jours devant lui. Nous ne sommes pas à l’abri d’un chamboulement total de notre façon de voir ou penser l’instrument. Cependant, il est plus plausible que ces avancée soient plus graduelles et parsemées de petites touches de génie. Donnons-nous rendez vous dans quelques années pour faire à nouveau le bilan.

 

 

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