Quelles sont les notes du violon ? Quels sons produisent chacune des quatre cordes qui composent le premier des instruments du quatuor ? La question peut paraître d’une évidence déroutante ; elle est en réalité essentielle lorsque l’on découvre cet instrument. Que vous débutiez le violon ou que vous soyez simplement curieux, cet article est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les notes du violon.
Les notes du violon
Quatre cordes, quatre notes : comment les distinguer ?
Les notes des cordes à vide
Le violon possède quatre cordes, qu’il est possible de différencier par l’épaisseur du diamètre, et parfois le matériau (mais ce n’est pas toujours le cas). Les vibrations par le frottement de l’archet contre celles-ci traversent la corde tendue, puis sont transmises via le chevalet au corps de l’instrument. Ce corps joue un rôle de caisse de résonnance ; le son s’en échappe par les ouïes. Mais comment expliquer que le son que l’on entend en jouant la première corde soit différent de celui produit par la deuxième ?
Cette différence de hauteur et de timbre du son s’explique par la longueur, le diamètre et la tension de chacune des cordes. Lorsque l’on regarde un violon en position de jeu, contre la clavicule et la mâchoire, on constate que les cordes, de gauche à droite, s’affinent progressivement. On trouve, dans l’ordre :
Le Sol tout à gauche, soit la note la plus grave, puis le Ré, le La, et enfin le Mi, qu’on appelle aussi la chanterelle car c’est la corde la plus fine et la plus aiguë. On atteint ces notes en tendant plus ou moins la corde. En effet, en jouant avec les chevilles et les ajusteurs au niveau du cordier, on constate qu’on peut modifier les notes des cordes à vide de son violon, c’est ce que l’on appelle l’accordage du violon.
Chacune des notes correspond à une fréquence. Aussi, plus une valeur de fréquence est haute plus celle-ci est aiguë. De ce fait, voici les notes montantes que l’on retrouve sur le violon, du grave vers l’aiguë :
- Sol = 196Hz
- Ré = 294Hz
- La = 440Hz
- Mi = 660Hz
Complément d’information
L’art d’accorder son violon
Est-ce que l’accordage d’un violon est toujours le même ?
Comme nous l’avons vu, l’accordage d’un violon en quinte est ce qu’il y a de plus classique. Cela représentera en tout cas la majorité du répertoire. Cependant, il est tout à fait possible de désaccorder un violon afin d’accéder à certains doigtés plus facilement. Cette modification de l’accord usuel s’appelle la scordatura et sera normalement indiquée en début de partition. Vous pouvez bien sûr faire vos propres expériences avec des accords arrangés, surtout en musique contemporaine ou actuelle.
Evitez toutefois de le faire de manière trop abusive car vous risquez de casser vos cordes. Celles-ci sont en effet conçues pour accepter une tension très précise et risquent de ne pas supporter les changements. D’ailleurs, l’instrument lui aussi est soumis à de nombreux changements lors des variations de tensions, ce qui peut impacter fondamentalement votre son.
Sol, ré, la, mi d’accord, mais pour les autres notes ?
C’est à partir de ces cordes « à vide » que l’on peut produire toutes les autres notes de la gamme. En appuyant ses doigts sur la touche, on réduit la longueur de la corde. C’est ainsi qu’est produit une note plus aiguë. Sur la corde de Sol, par exemple, on peut « ré-atteindre » le Ré qui est pourtant aussi la corde à vide suivante ; en pressant le quatrième doigt dans la première position (voir l’image).
Une note jouée sur une corde différente de celle à vide aura un son lui aussi légèrement différent, ce qui permet au violoniste de choisir de jouer telle note sur telle corde, en fonction du morceau, des effets voulus et des enchaînements techniques et pratiques que cela implique. Les combinaisons sont nombreuses et participent de la richesse du jeu du violon, et des instruments à cordes frottées en général.
L’intervalle des notes du violon : la quinte
Chaque note entretient avec celle qui la précède et qui la suit un rapport d’intervalle – c’est l’écart entre leurs hauteurs propres –. Ces intervalles se comprennent dans la musique occidentale selon les concepts de « ton » et de « demi-ton ». Deux notes conjointes, par exemple le Do et le Ré, sont séparés l’une de l’autre d’un ton, selon un intervalle que l’on appelle la seconde. Le Mi et le Fa, ainsi que le Si et le Do, sont quant à elles des secondes séparées par un demi-ton.
Le violon est accordé en quinte, ce qui signifie que chaque note est séparée de la suivante par trois tons et demi – ce que l’on appelle une « quinte juste », sans altération –.
Do, ré, mi, fa, sol, la, si, do : quelle est l’origine de la notation musicale française ?
Des noms trouvés à partir d’un chant latin
C’est au XIe siècle que Guido d’Arezzo, un moine, songe à reprendre les premières syllabes d’un ancien chant latin pour donner à chaque neume de son système de notation musical un nom. Ce système est dit hexacordal, car il s’agit d’un ensemble de six degrés conjoints, possédant un demi-ton au milieu.
Le début de chacun des six premiers vers du chant en question, appelé l’Hymne de Saint Jean-Baptiste, permet de reconstituer une gamme complète. Guido d’Arezzo, opérant ce qu’on appelle une solmisation, appelle donc chacune des notes, dans l’ordre ascendant, ut, re, mi, fa, sol, la.
A la fin du XVIe siècle, c’est probablement Anselme de Flandres qui crée le Si à partir du vers ci-contre ->
Ut queant laxis
Resonare fibris
Mira gestorum
Famuli tuorum
Solve polluti
Labii reatum
Sancte Iohannes
Vers l’apparition du système tonal
A partir du XVIe siècle, la théorie des hexacordes de Guido d’Arezzo devient inadaptée à la complexification musicale qui s’opère à la Renaissance et le besoin d’un nouveau système de notation se fait sentir. Ce système laisse doucement place au système tonal.
Entre autres, L. Bourgeois demande en 1550 dans son Droict Chemin de Musique de faire commencer la gamme sur l’ut. Puis c’est avec Giovanni Maria Bononcini, en 1640, que l’on remplace le terme d’Ut par celui de Do, plus facile à chanter. Selon d’autres sources néanmoins, le Do viendrait du nom latin « Dominus », le Seigneur, et serait apparu dans des textes déjà bien plus anciens.
La fixation définitive du nom des notes
S’ensuit un long cheminement pavé de rectifications et de nouveautés quant à l’édification d’un système fondé sur l’octave (donc do, ré, mi, fa, sol, la, si, do) : des dénominations toutes plus variées les unes que les autres se succèdent, les syllabes changent régulièrement et peinent à se fixer, témoignant de la difficulté à l’époque de saisir pleinement le concept de tonalité.
C’est finalement à la fin du XVIIIe siècle, sous Bonaparte, alors que le Conservatoire de musique remplace les maîtrises religieuses pour l’enseignement de la musique, que les membres de ce dernier adoptent une méthode de transposition finale dont les notes sont appelées telles que nous les connaissons aujourd’hui.
La notation anglaise : une autre manière de nommer les notes du violon
Il est probable que vous ayez déjà vu, à la place des do, ré… que l’on connait bien, des lettres. Il s’agit en réalité d’une simple différence de notation, inspirée de l’Antiquité, et qui est utilisée dans les pays anglophones. A l’origine, c’est le penseur du Ve siècle Boèce qui, dans son De institutione musica, nomme de A à P les sons sur deux octaves. Au Moyen-Âge ensuite, on a préféré conserver uniquement une octave allant de A à G.
Petit conseil mnémotechnique : F comme Fa, c’est facile à retenir ! A partir de là, il est aisé de déduire les notes restantes dans l’ordre, en avant ou en arrière. Mais il est aussi très facile de se souvenir que le La et A sont très similaires, les notes s’enchaînent ensuite très simplement.
Notez que dans les pays germanophones, on remplace le B par un H pour désigner le Si.
Voici l’équivalence des deux notations :
- A = La
- B = Si
- C = Do
- D = Ré
- E = Mi
- F = Fa
- G = Sol
Qu’en est-il des notes de l’alto et du violoncelle ?
L’alto et le violoncelle s’accordent toujours en quinte, mais avec d’autres notes : Do, Sol, Ré, et La. La différence entre les deux instruments tient non seulement à leur tessiture mais aussi à leur façon de jouer. Mais d’une manière générale les notes du violoncelle sont situées une octave en dessous de celles de l’alto. Ci-contre, leurs fréquences :
Alto – Do = 131Hz Sol = 196Hz Ré = 294Hz La = 440Hz
Violoncelle – Do = 65Hz Sol = 98Hz Ré = 147Hz La = 220Hz
Le quinton : combiner les notes du violon et de l’alto
Le quinton, quant à lui, est un instrument hybride dont les origines remontent à l’époque baroque, mélange de violon, d’alto et de pardessus de viole. Il possède cinq cordes qui combinent le Do de l’alto avec les Sol, Ré, La et Mi du violon. Cela permet ainsi d’atteindre la tessiture couvrant celle des deux instrument.
Il est aussi possible d’acquérir un quinton, qui combine les caractéristiques des deux instruments. Tout cela se passe dans l’atelier ou bien sur la boutique en ligne de Lutherie.art