Le luthier est un artisan d’art qui se consacre à la fabrication, la restauration, et l’entretien des instruments à cordes. Bien qu’il existe de nombreuses facettes à cette profession, surtout en considérant le nombre d’instruments, je vais essayer de vous parler de quoi il s’exerce aujourd’hui. Nous aborderons toutefois que le métier de luthier du quatuor qui se spécialise dans la famille du violon.
Définition du métier de luthier
[pullquote align=center]
À l’origine, le luthier est le fabricant de luths. Mais après le déclin de cet instrument, la signification du mot s’élargit pour désigner le fabricant d’instruments de la famille du violon (violon, alto, violoncelle, également appelé quatuor à cordes). Par extension, le terme désigne parfois le fabricant d’instruments à cordes frottées ou pincées comportant un manche (guitares, mandolines, contrebasses, vieilles etc…). Le luthier doit savoir réparer un instrument ancien, le recoller, le rebarrer, ainsi qu’en faire l’entretien ; il doit également savoir fabriquer un instrument neuf, en sélectionner les bois et construire toutes les pièces à partir de modèles. Il se sert pour cela d’outils comme les rabots, les canifs, les ciseaux, les gouges (pour sculpter les voûtes et la volute), les scies, le compas d’épaisseur (pour mesurer les épaisseurs du fond et de la table), le fer à cintrer et le traçoir.
Pour terminer, il procède au vernissage de l’instrument.
Adaptation de l’Encyclopédie Larousse[/pullquote]
Les origines du métier de luthier du quatuor
Les ateliers de lutherie ont toujours produit des instruments en vogue à leur époque, ainsi le luth, violes et autres instruments de la renaissance ont laissés place à la famille du violon au cours du XVIe siècle en Italie et s’est progressivement démocratisé dans le reste de l’Europe. Alors que les violons, altos et autres violoncelles se trouvent encore sous leur forme baroque, on assiste au début du XVIII siècle à une standardisation des formes et proportions autours des modèles de luthiers très connus. Ces artisans géniaux, tels que Amati, Stradivari ou Guarneri ont produit des instruments qui font rêver encore aujourd’hui et ont donné à Crémone, leur ville d’origine, un rayonnement international. Ils ont également donné leur lettre de noblesse à la profession et sont à l’origine de bien des mystères.
L’évolution
Au fil des siècles, les besoins ont changés, les instruments, les musiciens aussi. Les luthiers ont dû s’adapter à la demande et les instruments s’en sont trouvés transformés. Il y avait également beaucoup plus d’instruments anciens sur le marché, ceux-ci devenant très précieux, ils nécessitaient également des soins tout particuliers. De nos jours nous évoluons à la frontière entre innovations et traditions, nos matériaux et procédés de fabrications restent fondamentalement les mêmes, mais les moyens mis à notre disposition sont à la pointe de la technologie.
Bien que très ancien, le métier de luthier est encore aujourd’hui loin de son extinction. Mais celui-ci doit encore s’adapter, comme il l’a toujours fait.
Le métier de luthier de nos jours
Actuellement en France, selon un recensement réalisé par l’Institut technologique européen des métiers de la musique (ITEMM), environ 400 luthiers étaient en exercice en 2009, majoritairement dans de très petites entreprises (de 1 à 3 personnes). A ce nombre on peut ajouter toutes les catégories de luthiers non-officiellement établis et les amateurs.
Afin d’en vivre, la majorité des artisans montent leur propre entreprise et travaillent seul ou à plusieurs dans les différents secteurs évoqués plus bas. Mais il est également possible de trouver un emploi dans des ateliers prestigieux ou dans des magasins de musique bien que les places soient très prisées et limitées.
La diversité d’activité du luthier
Aujourd’hui, le métier de luthier s’exerce de bien des façons. Il existe de nombreuses spécialisations dans lequel chaque professionnel choisira de se lancer. Cela peut être pour répondre à une demande spécifique ou tout simplement par passion. En fait, cela revient à chacun d’exercer son art de la manière qu’il l’entend.
Un luthier peut choisir de se spécialiser dans un ou plusieurs de ces domaines surtout lorsqu’il est employé (dans un grand atelier ou un magasin), mais en général les luthiers indépendants sont obligés de se charger de la plupart de ces aspects pour pouvoir en vivre. Ensuite, ils peuvent néanmoins se cantonner à ce qui leur convient le mieux, en fonction des opportunités.
Voici toutefois quelques exemples.
Fabrication
La fabrication d’instrument à cordes est sans doute la première chose à laquelle on pense en évoquant la lutherie. Dans ce cas, le luthier transforme de belles planches de bois en véritables œuvres d’art visuelles et sonores. Il pourra alors choisir de vendre directement à ses clients ou à des revendeurs spécialisés.
C’est une voie qui fait rêver de nombreux artisans. Pourtant dans la réalité, très peu d’entre eux arrivent à en vivre de manière exclusive. Ceux qui réussissent se basent sur une grande réputation et bien-sûr un travail impeccable.
Réglage et entretien
Les musiciens ont toujours besoin de maintenir leurs instruments au top de leur forme. C’est pourquoi le luthier est là pour optimiser la jouabilité et la sonorité des violons, altos ou violoncelle. En effet, la plupart des manipulations nécessitent un outillage et des gestes qui ne sont pas réalisables par n’importe qui.
Réparation et restauration
La réparation et la restauration sont deux activité dont les nuances sont subtiles mais qui ont pour but commun de remettre en état de malheureux instruments de musique.
Certains instruments de grande valeur nécessitent parfois de lourdes interventions à l’aide de techniques sophistiquées. Ces délicates opérations doivent-être exécutées par des experts afin d’éviter tout dégâts irréversibles aux matériaux d’origine.
Archèterie
Il n’est pas rare que les luthiers proposent des services pour les archets. C’est ainsi qu’ils proposent en général des reméchages et autres réparations mineures sur les archets en plus de la vente. Certains luthiers fabriquent également leurs propres archets mais dans le cas où cela deviendrait exclusif, il devient archetier.
Expertise
Il y a de nombreux domaines dans lequel peut s’appliquer le processus d’expertise lorsque on aborde la lutherie.
Néanmoins, la plupart du temps on fait allusion à ces luthiers érudits et expérimentés qui estiment la valeur des instruments. Les documents qu’ils délivrent, en général une attestation de valeur et un certificat d’origine, peuvent être exploités de manière légales. Ils touchent dans ce cas une commission calculée à partir de la valeur de l’instrument certifié.
Négoce
La vente d’instruments neufs, anciens et de leurs accessoires est sans doute le quotidien de la plupart des artisans. Que ce soit leur propre production, des antiquités ou des instruments d’usines chinoise, l’objectif est de proposer un panel assez large qui pourra satisfaire tout le monde. Et surtout à des prix et des qualités qui pourront convenir au débutant autant qu’au professionnel.
Location
Pouvoir louer un instrument de qualité représente souvent un avantage pour les étudiants qui désirent s’initier à l’instrument sans en faire l’acquisition. C’est pour cela que la location est souvent un service proposé par les luthiers. Certains même ne se basent même que sur ça.
Comment devenir luthier
Le métier de luthier demande un apprentissage qui représente énormément d’investissements en temps mais aussi en matériel. De plus, trouver une formation est déjà en soit un challenge. C’est pourquoi la plupart des candidats manquant de détermination abandonneront.
Les principales qualités qui sont demandées à un luthier sont :
- Un attrait pour le travail manuel (à la fois du bois, mais aussi du métal)
- Un goût pour les sciences physiques (mathématiques, géométries, physique, chimie, acoustique)
- Une patience et de l’attention aux détails
- Une oreille et une culture musicale développées par la pratique d’un instrument
Une passion avant tout
Bien que l’on cite beaucoup de ces qualités comme requises ne serait-ce que pour commencer l’apprentissage de la lutherie. Ce ne sont à mon avis que des prédispositions, mais en aucun cas de pré-requis. Pourquoi quelqu’un qui n’a aucun goût pour la musique ou le travail du bois pourrait penser à devenir luthier ? Après tout, il est possible d’apprendre n’importe quoi à partir du moment où l’on s’en donne les moyens. Ce n’est d’ailleurs pas rare que certaines personnes se reconvertissent à un âge assez avancé.
Les formations
Pour ce qui est de l’apprentissage en lui même, il existe plusieurs écoles diplômantes en France. Ce sont les endroits officiels pour l’enseignement dans le domaine de la lutherie :
- CAP (certificat d’aptitude professionnelle) lutherie et CAP ouvrier archetier en alternance au CFA SEPR de Lyon
- CAP assistant technique instrument de musique option guitare au lycée F. Léger Bedarieux
- BMA technicien en facture instrumentale option guitare : 2 ans après le CAP au lycée F. Léger Bédarieux
- FC (formation complémentaire) lutherie : 2 ans après le bac au lycée George Sand de Briantes
- DMA (diplôme des métiers d’arts) 2 ou 3 ans après bac à École nationale de la lutherie. Cela se passe au lycée J-B Vuillaume de Mirecourt (88).
A noter qu’il existe de nombreuses écoles privées telle que l’école Internationale de Lutherie d’Art Jean-Jacques Pagès. Vous pouvez toutefois assister à des formations courtes ou des stages de lutherie pour apprendre ou vous faire une idée du travail.
Autour du monde
Il n’est pas rare pour des français de partir étudier le métier de luthier à l’étranger. Voici donc quelques écoles des plus fameuses :
- Newark & Sherwood Violin Making School (Newark – Angleterre)
- London Metropolitan University (Londres – Angleterre)
- Mittenwald (Mittenwald – Allemagne)
- Scuola Internazionale di Luteria (Crémone – Italie)
- Scuola di Liuteria di Parma (Parme – Italie)
- Civica Scuola di Liuteria di Milano (Milan – Italie)
- Violin Making School of America (Salt Lake City – EU)
- School of Violin Making (Chicago – EU)